Projet Cuba

L’Agccpf Paca a été sollicitée depuis le début de l’année 2014 par la Fondation Malongo, dans le cadre d’un projet de valorisation des « chemins du café » à Cuba et de la restauration d’une ancienne propriété cafetière, la Fraternidad, située dans la partie orientale de l’Ile. Ce projet, développé au sein d’un réseau de partenaires (Institut du patrimoine Wallon, Fédération des Parcs naturels, Centre d’études franco-cubaines de l’université de Santiago de Cuba…) fédérés par l’Union Européenne qui est représentée à La Havane,

envisage en partenariat avec la Conservacion de Santiago de Cuba, administration culturelle et patrimoniale doté de 1200 agents (archéologues, architectes, conservateurs, ingénieurs, chercheurs, équipes administratives et de communication..) deux actions spécifiques :
d’une part, profiter de la requalification de la Villa Dranghet, au centre de la ville de Santiago de Cuba, pour y installer un centre d’interprétation consacré à l’histoire du café dans la partie orientale de l’île, point de départ de circuits touristiques vers les anciennes propriétés, comme la Isabelica située en altitude et classée au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO.

D’autre part, participer à l’installation d’une résidence d’artistes sur le site de la Fraternidad.

L’AGCCPF-PACA intervient donc dans ce projet sur deux points spécifiques :
– une aide à la conception d’outils numériques pour la Villa Dranghet
– une participation à l’expertise concernant la relation avec les publics (touristiques et de proximité) en lien avec le patrimoine du café à Santiago et sur le territoire rural de la Fraternidad.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une politique de développement durable et d’utilisation de la culture et du tourisme à des fins de développement économique pour la partie orientale de l’île de Cuba.


Nos collègues chargés des musées et du patrimoine à Santiago de Cuba.

La politique de restauration et valorisation du patrimoine public à Santiago de Cuba est définie et mise en œuvre par la Officina de Conservacion de la ciudad de Santiago créée dans les années 1980 et dirigée par le Dr Omar Lopez, architecte de formation. Il est épaulé par des archéologues, des architectes, des ingénieurs… qui interviennent sur le patrimoine mobilier et bâti de la province de Santiago.

Les musées au nombre de 25, sont dirigés par des conservateurs, formés souvent à l’université de la Havane, en histoire, histoire de l’art et muséologie ; ils gèrent des collections publiques ouvertes au public, comme le Museo de Ambiente Historico Cubano, abrité dans un bâtiment construit en 1516, l’une des plus anciennes demeures d’Amérique latine, ou le museo Emilio Bacardi, grand bâtiment néoclassique inauguré en 1899 par Emilio Bacardi Moreau, premier maire de Santiago ; ce musée héberge une collection donnée par la famille Bacardi qui témoigne à la fois d’un goût pour les antiquités égyptiennes, mais aussi pour les beaux-arts européens. Citons également le Museo de historia natural Tomas Romay, ainsi que le Museo del Ron qui permet d’aborder l’histoire des techniques et de la culture de la canne à sucre, et de la commercialisation du rhum de Santiago.

La partie orientale de l’île de Cuba, les liens avec la Catalogne et avec les Pyrénées françaises.

Santiago fut la première capitale de l’île à partir de 1515, mais rapidement abandonnée au profit de la Havane à partir du milieu du XVIème siècle. Néanmoins, sa position géographique en fait l’oriente de l’île, et la baie quasi fermée au fond de laquelle elle se situe, protège cette ville dominée par des montagnes dont l’altitude peut atteindre 1000 mètres.

En 1791, plus de 20000 colons d’origine française installés à saint Domingue se réfugient à Cuba au moment de la révolte des esclaves menée par Toussaint –Louverture, et y introduisent la culture du café. La population d’origine française avait commencé à s’installer à la Martinique à partir de 1721, puis vers saint Domingue. Au XVIIIème siècle, on trouve la trace à Cuba d’un Béarnais, Prudencio Casamayor, puis entre 1795 et 1830, on constate une émigration des populations de la vallée d’Aspe et de la Vallée d’Ossau, du Béarn, directement vers saint Domingue et Cuba. A partir du milieu du XIXème siècle, la population de l’Oriente s’enrichit de l’immigration

pyrénéenne et catalane, qui traverse l’océan depuis les ports de Bordeaux, Bayonne et de Barcelone. Des liens étroits entre les deux côtés de l’océan se nouent : arrivée à Santiago de mobilier pyrénéen pour les familles françaises aisées, mais aussi de vins de Bordeaux, de vaisselle et d’articles de mode, relation privilégiée pour l’enseignement et la formation avec l’université de Barcelone. Les ressources de ces familles d’origine française sont constituées par une polyculture de montagne dont on retrouve la tradition dans les vallées pyrénéennes, mais aussi les plantations de café.

L’inventeur du patrimoine pour l’île de Cuba, le Dr Prat (1907-1997) fut ainsi d’abord un grand historien d’origine catalane. Issu d’une famille de réfugiés espagnols de Mataro près de Barcelone, il passa par le camp d’Agde dans l’Hérault, en 1935… Fuyant l’Europe pour Cuba, il crée la chaire d’histoire de l’art à Cuba et est à l’origine de la création de nombreux musées sur l’île et notamment à Santiago. Toute sa vie, il garda des liens avec l’université d’Espagne, et forma la génération actuellement en charge du patrimoine à Cuba.

La Fraternidad, una hacienda histórica de la cultura del café en la región de Santiago de Cuba
[Yaumara Lopez, Archéologue à la ‘Conservación de Santiago de Cuba’]

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La Fraternidad
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