Un chat noir et blanc pour le château-musée Grimaldi de Cagnes-sur-Mer !

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Tsugouharu Foujita, Chat noir et blanc, huile sur toile, 1918, collection du château-musée Grimaldi
Crédit photo : Nicolas Chaxel, château-musée Grimaldi, ville de Cagnes-sur-Mer

Tsugouharu Foujita (1886-1968) découvre Cagnes-sur-Mer au printemps 1918, à la faveur d’un voyage organisé par le marchand d’art Léopold Zborowsky (1889-1932) en compagnie d’Amedeo Modigliani (1884-1920) et Chaïm Soutine (1893-1943). Le séjour est heureux et productif. Dans un courrier illustré envoyé à Georges Cheron, le marchand d’art parisien, il se représente ainsi que sa femme dans la villa louée pour l’occasion, « ma femme accrochant son linge sur notre terrasse et Tsugouharu dessinant de belles choses ».

Parmi ces belles choses : ce chat noir et blanc qui dort paisiblement dans l’angle d’une pièce à même le sol. Si le décor de tomettes et hautes plinthes évoque une ambiance provençale et plus précisément encore cagnoise puisque Foujita a pris soin, en dessous de sa signature en japonais et en lettres latines, de localiser l’œuvre, le traitement graphique de l’animal et de son pelage emprunte à l’esthétique orientale. Une lumière diffuse, des tons doux en fond et une composition maîtrisée invitent le regardeur à contempler le repos serein de chat.

La ville de Cagnes-sur-Mer a acquis cette œuvre en août dernier grâce au droit de préemption que peut exercer l’Etat sur les transactions d’œuvres rares ou d’intérêt majeur. Pour le château-musée Grimaldi, cette acquisition revêt une grande importance. Tout d’abord parce qu’elle s’inscrit pleinement dans la politique d’enrichissement des collections que le musée mène depuis quelques années, à savoir la recherche d’œuvres reflétant l’attractivité artistique de Cagnes dans la première moitié du 20e siècle. En effet, de nombreux artistes, dans le sillage de Renoir y ont séjourné et peint et c’est cette histoire que le musée souhaite désormais présenter à son public.

La seconde motivation, tout aussi décisive, est plus sensible, presque de l’ordre de l’amitié, en tout cas en écho aux liens qui unissent l’artiste et la ville. Dans une lettre conservée dans les archives de Denis-Jean Clergue, le premier conservateur du château-musée Grimaldi, Foujita, en réponse à une invitation à exposer, écrit : « Le 11 octobre 1957, cher Monsieur, […] J’accepte avec le joie et j’ai promis de y aller à Cagnes, car déjà il y a vraiment longtemps que je ne suis pas retourner à votre magnifique pays que je rêve. Je vous promis. ». Promesse tenue : l’année suivante il vient exposer au château-musée et, en remerciement, offre une huile sur toile datée de 1957 et intitulée Le Moulin à café. Le hasard ( ?) fait entrer en 1973 une deuxième œuvre de Foujita dans les collections, le portrait de Suzy Solidor peint en 1927 et donné par la chanteuse, ravie de s’être retirée à Cagnes.

Autant de liens, en somme, ne pouvaient que présider au retour de ce petit (27 x 35 cm) chat noir et blanc à Cagnes-sur-Mer.

Détail
Crédit photo : Nicolas Chaxel, château-musée Grimaldi,
ville de Cagnes-sur-Mer
Signature, localisation et date au dos
Crédit photo : château-musée Grimaldi, ville de Cagnes-sur-Mer

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