La renaissance d’une Vierge à l’Enfant du musée Ziem

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Si le musée Ziem conserve majoritairement des peintures et des arts graphiques, la donation à la ville, en 1978, des collections du musée associatif du Vieux-Martigues a également fait entrer dans le fonds permanent des œuvres religieuses sculptées. Ainsi en est-il de cette Vierge à l’Enfant.

Haute de 1,62 m, cette statue polychrome présentait d’importantes traces anciennes d’infestation caractérisées par de nombreux trous d’envol et par des lacunes présentes dans le bois qui, fragile, se délitait. Une fissure ouverte était présente sur la face. Un encrassement et un empoussièrement généralisés masquaient la lisibilité du décor et la polychromie.
Des interventions anciennes avaient été réalisées afin de consolider et de combler les lacunes à l’aide de résine et de toile et de nombreux repeints étaient présents en particulier au niveau du drapé de la Vierge. L’ensemble était recouvert d’une « patine brune » résultant de l’oxydation du vernis et d’une couche de cire, mélangée à de la poussière. La polychromie présentait d’importants soulèvements.

Vierge à l’Enfant avant restauration. Des facings ont été posés sur les soulèvements afin d’éviter des pertes de matière.
© Anaïs Lechat

Après un nettoyage et un décrassage de la surface, l’œuvre a été consolidée puis les couches colorées ont été observées, sous loupe, au niveau des lacunes dans un premier temps. Des fenêtres de sondage et des tests de dégagements des repeints ont ensuite été réalisés.

Vierge à l’Enfant en cours de traitement.
Tests de dégagement sur le visage de la Vierge permettant de voir les couches originales.
© Anaïs Lechat

Deux niveaux de repeints sont ainsi apparus : le plus récent était constitué d’une patine brune-noire recouvrant l’ensemble des couches colorées, tandis que le premier était constitué, pour la Vierge : d’une couche rose pour les carnations, d’un collier noir au niveau du cou, d’une couche noire pour l’extérieur et d’une autre rouge pour l’intérieur du manteau ainsi que d’une couche dorée pour la couronne. Quant à l’Enfant Jésus, son manteau avait été doré, voire redoré à certains endroits.
Les couches originales se situaient au troisième niveau. Elles étaient assez lacunaires et globalement usées. Une préparation blanche recouvrait le support bois. Les cheveux avaient été dorés. Les deux personnages arboraient des yeux bleus. Le vêtement de la Vierge était bleu à l’extérieur et rouge à l’intérieur, sa robe était dorée tout comme le manteau de l’Enfant qui portait une robe d’un rouge identique à l’intérieur du manteau de la Vierge.

Une fois cette stratigraphie mise en évidence, les couches d’origine ont été dégagées, les lacunes gênant la lisibilité de l’œuvre ont été réintégrées puis retouchées afin de rendre à la sculpture un aspect le plus proche possible de son état d’origine tout en respectant son intégrité.

Vierge à l’Enfant après dégagement des couches d’origine et comblement des lacunes.
© Anaïs Lechat
Vierge à l’Enfant après restauration. © Anaïs Lechat

Enfin, un support adapté à l’œuvre a été conçu afin de la conserver dans de bonnes conditions et limiter les risques liés à sa manipulation.

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