Les affiches chinoises du musée départemental des arts asiatiques à Nice

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Collectées à Pékin entre 1974 et 1977 par Mme Moreux, données au musée en 2014, répertoriées et étudiées depuis deux ans, 414 affiches chinoises – un des corpus les plus importants de ce type conservé en France – sont désormais inscrites à l’inventaire de l’institution. Philippe Triscos, dans son M2 de l’École du Louvre, a étudié dans ses grandes lignes cet ensemble riche et complexe, illustrant la propagande du Parti Communiste Chinois (PCC) à la fin de la Révolution culturelle (1966-1976).

« Les femmes peuvent porter la moitié du ciel ».
Inv. 2021.0.334 © MAA/M. Poppi
« Un homme studieux ». Inv. 2021.0.294 © MAA/M. Poppi

Les affiches sont toutes des impressions offset, technique permettant de grands tirages couleur de bonne qualité et répondant au besoin de leur large diffusion. La plupart, produites à Pékin et Shanghai, ont un format de 77 x 53 cm ou de 107 x 77 cm. Leur édition, leur impression et leur distribution étaient pilotées par le Parti. Elles étaient alors vendues à un prix abordable.
Elles portent majoritairement des images inédites (25%) ainsi que des nianhua, images du Nouvel an (33,5%). Ces dernières montrent que la propagande du PCC s’est appuyée sur la tradition ancienne de décorer les intérieurs d’images propitiatoires pour célébrer la nouvelle année. Sont reproduites par ailleurs des œuvres réalisées sur d’autres supports : peintures traditionnelles à l’encre (19,5%), huiles et gouaches (9%), peintures d’amateurs (7,5%), photographies (4%), gravures sur bois (1,5%).
Seuls 240 auteurs des images ou des œuvres reproduites ont pu être identifiés, dont 24 femmes et 7 membres d’une ethnie dite minoritaire. La plupart sont nés dans les années 1930 et 1940 et avaient entre 25 et 45 ans au moment de la Révolution culturelle.
Le corpus peut être classé en cinq catégories : les scènes de genre (57%), les portraits (29%), les paysages (6,5%), les scènes d’opéras et de ballets (5,5%) et les scènes d’histoire (2%). La plus représentée correspond à des images figurant plusieurs personnages dans des situations de la vie courante, associées à des messages politiques. Ces derniers concernent de nombreuses thématiques, parfois croisées, comme l’enseignement, la vie à la campagne, le progrès impulsé par le Parti, la défense nationale, la doctrine communiste, les comportements exemplaires, la jeunesse, etc.

« Après la récolte ». Inv. 2021.0.112 © MAA/M. Poppi

Ce fonds inédit met en scène une Chine idéalisée à travers des images tantôt pédagogiques ou descriptives, tantôt héroïques ou moralisatrices. Conformément à la volonté de Mao, elles résultent d’une pratique artistique du peuple pour le peuple et répondent à des canons établis véhiculant des messages. Des analyses thématiques et des mises en relation avec d’autres corpus devraient permettre d’approfondir la compréhension de cette collection, dont le potentiel reste à explorer.

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